Déroulement de l’examen gynécologique
Nous avons écrit une mini-série d’articles à destination des adolescent·e·s, à la demande de la revue en ligne Les Cervelé·e·s.
Le premier répondait à la question « Qui et quand consulter en gynécologie ? ». Voici le deuxième !
Nous avons abordé dans notre précédent article quand et qui consulter en gynécologie. Ces consultations se déroulent en plusieurs temps, d’échange puis éventuellement d’examen.
Pour commencer, le·a soignant·e doit demander quel est le motif de votre consultation. Comme nous l’avons dit dans l’article précédent, aucune visite n’a à être systématique ou “de routine”.
Dans tous les cas, le·a soignant·e aura besoin de vous poser un certain nombre de questions, d’une part pour bien comprendre votre demande, d’autre part pour connaître vos antécédents médicaux. Vous êtes en droit de ne pas souhaiter répondre à une question et de le dire ou de ne pas tout dire, ainsi que de demander la raison de certaines questions.
De façon générale, à tout moment de la consultation, vous êtes en droit de demander la raison d’une question ou d’un geste, et de le refuser. Un·e soignant·e doit être capable de justifier ses demandes et ses gestes. Vous n’êtes jamais obligé·e de vous déshabiller si vous ne le souhaitez pas, et si le déshabillage est justifié et que vous l’acceptez, il n’est jamais nécessaire d’être entièrement nu·e : le·a soignant·e peut examiner le bas du corps, puis vous proposer de vous rhabiller avant d’examiner le haut du corps, par exemple. Vous pouvez aussi emmener en consultation un tissu (écharpe, paréo par exemple) si vous souhaitez avoir les jambes couvertes pendant l’examen éventuel de vos parties génitales (certains soignants le proposent également, mais dans le doute vous serez équipé·e).
L’examen clinique peut vous être proposé selon le contexte, et toujours seulement si vous êtes d’accord. Il est normal qu’on vous explique les gestes avant de les pratiquer, et que l’on s’assure de votre consentement pour chacun d’entre eux. Si ce n’est pas le cas, vous êtes légitime à le demander. En cas de refus, vous êtes en droit de quitter la consultation.
L’examen des seins se pratique assis·e sur la table d’examen. L’examen des parties génitales se pratique allongé·e sur la table, soit sur le dos avec les jambes pliées et écartées (les pieds peuvent être posés sur des étriers ou sur la table directement, ce qu’on appelle la position gynécologique), soit sur le côté avec les jambes pliées contre vous.
Les différentes positions d’examen gynécologique : A. Position gynécologique, B. Position en « M » ; C. Position latérale ou « à l’anglaise » ; D. Position en diamant ou en lotus ; E. Position en « V » (Source : revue exercer)
L’examen des seins consiste à observer et à palper la poitrine. Il n’a aucun intérêt scientifiquement prouvé à être pratiqué de façon systématique, et notamment ne permet pas en l’absence de symptômes de dépister le cancer du sein. Aussi cet examen ne doit vous être proposé que si vous décrivez des symptômes dans cette zone (apparition d’une grosseur, rougeur, consistance de la peau différente à un endroit, changement de taille d’un sein, écoulement hors allaitement)
Le toucher vaginal consiste à mettre un ou deux doigts dans votre vagin, recouverts d’un gant, et avec du lubrifiant. Ce geste n’a aucun intérêt scientifiquement prouvé à être pratiqué de façon systématique. Il peut être pertinent si on soupçonne une infection de l’utérus ou des trompes, en cas de douleurs lors de rapports sexuels avec pénétration et lors de l’accouchement. Ce geste doit être doux et, même si vous avez consenti à ce qu’il soit pratiqué, vous pouvez l’interrompre à tout moment.
L’examen vulvaire consiste à observer la vulve, avec une lumière dirigée dessus. Il est parfois nécessaire d’écarter légèrement les petites et les grandes lèvres avec les mains gantées pour que l’observation soit complète. Ce geste est par exemple pertinent si vous vous plaignez d’une gêne à ce niveau.
L’examen au spéculum consiste à glisser dans le vagin un objet en plastique ou en métal composé de deux valves, jointes au début de l’introduction dans le vagin puis légèrement écartées dans le fond du vagin. Il permet de visualiser le col de l’utérus et les parois du vagin. Le spéculum doit être introduit avec du lubrifiant, le geste doit être doux et, même si vous avez consenti à ce qu’il soit pratiqué, vous pouvez l’interrompre à tout moment. L’examen ne doit pas être douloureux, mais les sensations peuvent être un peu étranges. Ce geste est par exemple pertinent pour pratiquer un frottis ou un prélèvement vaginal, ou si vous vous plaignez d’une gêne à ce niveau. Il existe plusieurs tailles de spéculum, y compris pour des personnes n’ayant pas expérimenté de pénétrations vaginales.
Le frottis consiste à passer une brosse souple sur le col de l’utérus lors d’un examen au spéculum. Le but est de dépister le cancer du col. Cet examen ne doit pas être douloureux, mais la sensation de contact direct sur le col peut être désagréable. Cet examen est pertinent à partir de 25 ans et tous les 3 ans si le résultat est normal, sauf si vous souffrez d’un déficit immunitaire (infection au VIH, cancer, greffe d’organe). Le cancer du col de l’utérus est causé par certaines souches d’un virus appelé papillomavirus. Le frottis détecte la présence de cellules anormales, qui parfois peuvent évoluer vers une lésion cancéreuse mais le plus souvent vont guérir spontanément. Il existe un vaccin non-obligatoire contre certaines souches du papillomavirus. Pour plus d’informations au sujet du frottis et de la vaccination, vous pouvez consulter cet article plus détaillé.
Le prélèvement vaginal consiste à passer sur les parois du vagin et parfois sur l’entrée du col un long coton-tige lors d’un examen au spéculum. Le but est de rechercher des infections ou des déséquilibres de la flore vaginale. Il est pertinent en cas de douleurs, d’irritations et/ou de pertes vaginales inhabituelles, ainsi que pour certains dépistages d’infections sexuellement transmissibles. Cet examen peut la plupart du temps être pratiqué en auto-prélèvement, c’est à dire que vous rentrez vous-même le coton-tige dans votre vagin (pas besoin de spéculum dans ce cas), en vous isolant (le·a soignant·e n’a pas à vous regarder le faire).
L’échographie pelvienne consiste à utiliser une sonde d’échographie et un gel à base d’eau pour regarder les organes internes, notamment l’utérus et les ovaires. Ce geste n’a aucun intérêt scientifiquement prouvé à être pratiqué en dehors de la grossesse et sans plainte de votre part. Il est pertinent en cas de douleurs, de difficultés liées aux règles, au début d’une grossesse (et notamment pour la datation en vue d’une IVG), d’un contrôle de DIU (stérilet). Il existe deux types de sondes.
La sonde abdominale se pose sur le ventre, vous avez besoin de baisser le haut de votre sous-vêtement mais pas de vous déshabiller entièrement.
La sonde vaginale est plus allongée, elle est insérée à l’intérieur du vagin recouverte d’un préservatif. Vous devez retirer le bas de vos vêtements et être en position gynécologique. Cette sonde permet de mieux visualiser les organes du bas-ventre, mais vous êtes tout à fait en droit de demander que le·a soignant·e essaye d’abord la sonde abdominale et refuser la sonde vaginale si vous le souhaitez.
A la fin de la consultation, le·a soignant·e doit répondre à votre demande initiale, même s’il ne s’agit pas forcément d’une réponse définitive ou complète. Il.elle peut vous proposer divers conseils, des prescriptions d’examens ou de médicaments. Tout doit vous être clairement expliqué : les avantages et inconvénients de chaque option, ce qui est cherché par l’examen, ce que vous devez faire en fonction du résultat, l’objectif de chaque traitement, la façon de prendre le traitement, les effets secondaires éventuels, dans quels cas reconsulter. Et dans tous les cas, vous n’avez aucune obligation à suivre ces recommandations. Il s’agit de votre corps, de votre santé, et vous pouvez faire ce qui vous semble le plus pertinent. Rien n’est jamais obligatoire, et devant toute problématique médicale vous avez toujours au moins deux choix : faire ou ne pas faire.
Nous sommes bien conscientes qu’il n’est pas facile de remettre en question la parole d’un·e soignant·e, quelque soit son âge et son expérience. Le but de cet article est de vous informer de vos droits. Vous pouvez en faire ce que vous voulez, ce que vous pouvez. De notre côté, nous militons pour que l’attitude et les habitudes des soignant·e·s soient remises en question.
Le prochain article abordera la problématique des violences gynécologiques et votre marge d’action si vous y êtes confronté·e·s.