Les violences gynécologiques
Nous avons écrit une mini-série d’articles à destination des adolescent·e·s, à la demande de la revue en ligne Les Cervelé·e·s.
Le premier répondait à la question « Qui et quand consulter en gynécologie ? », et le second revenait sur le déroulement de l’examen gynécologique.
A l’occasion du 8 mars, voici le troisième volet de cette série, consacré cette-fois ci aux violences gynécologiques.
Les violences obstétricales sont les violences infligées par les soignant.e.s (médecin, gynécologue, sage femme, anesthésiste, étudiant..) pendant la grossesse et l’accouchement. Les violences gynécologiques peuvent survenir tout au long de la vie.
Les violences gynécologiques et obstétricales peuvent s’exprimer de nombreuses façons : propos malveillants ou infantilisants, non respect des droit des patientes (notamment celui d’être informée et de pouvoir refuser des soins), ou absence d’anesthésie pendant les actes chirurgicaux. Les soins donnés pendant l’accouchement et lors du suivi gynécologique reposent parfois sur des croyances et ne sont pas toujours en accord avec les données actuelles de la science.
Lors du suivi gynécologique, il s’agit de violence si un·e soignant·e :
- Ne respecte pas vos demandes ;
- S’il·elle juge votre vie, votre corps, votre sexualité ou absence de sexualité,
- S’il·elle juge vos choix à propos de vos soins, de votre désir ou non de grossesse ;
- S’il·elle tient des propos moqueurs, désagréables, dégradants ;
- S’il·elle vous infantilise, ne répond pas à vos questions ;
- S’il·elle exige que vous vous déshabilliez ;
- S’il·elle pratique des gestes sans votre accord ;
- Si les gestes sont douloureux et que cette douleur n’est pas prise en compte voire minimisée ou ridiculisée ;
- S’il·elle vous impose des prescriptions de médicaments ou d’examens ;
- S’il·elle vous empêche de choisir la contraception que vous souhaitez ;
- S’il·elle pratique du chantage pour vous imposer des examens avant de vous délivrer un traitement / une contraception ;
- Si l’examen médical est accompagné de commentaires déplacés, d’allusions sexuelles.
Dans tous ces cas (et la liste n’est pas exhaustive), vous êtes confronté·e·s à de la violence gynécologique.
Vous pouvez, si vous y arrivez, exprimer votre désaccord. Ce n’est pas parce que le·a soignant·e n’avait pas d’intention malveillante que votre gêne n’était pas justifiée.
Si vous n’arrivez pas sur le moment à exprimer votre gêne, ou si vous réalisez seulement par la suite que le comportement du soignant n’était pas acceptable, ne culpabilisez pas. Devant une agression, il est fréquent de ne pas réaliser sur le moment ce qu’il se passe. De plus, le respect du statut médical des soignants auquel nous sommes tou·te·s habitué·e·s peut rendre encore plus difficile une réaction immédiate.
A la suite d’une consultation, si vous vous sentez mal à l’aise ou que vous n’avez pas obtenu de réponses à vos questions, n’hésitez pas à prendre le temps de décrypter la consultation. Souvent en discuter avec un.e ami·e permet de prendre du recul et d’identifier ce qui s’est mal passé. Il est intéressant de se poser une petite série de questions avant puis après la consultation : qu’est-ce que j’attends de la consultation ? Quelles questions est-ce que je veux poser ? Comment est-ce que je pense que la consultation va se dérouler ? Quels examens suis-je prêt.e à faire ? Puis après : ai-je obtenu ce que je souhaitais ? Ai-je bien compris les explications du soignant ? Est-ce que j’ai eu mal ? Est-ce qu’on m’a demandé mon consentement avant de m’examiner ?
Si quelque chose vous a dérangé·e, ou que le·a soignant·e a été violent·e verbalement ou physiquement vous pouvez envisager
- de lui écrire
- de porter plainte auprès de l’Ordre des médecins (https://www.conseil-national.medecin.fr/node/1515) ou des sages-femmes (http://www.ordre-sages-femmes.fr/vos-droits/en-cas-de-litige/)
- de contacter la Commission des Usagers (CDU) si la consultation a eu lieu dans un établissement de santé. Les détails sur cette saisine ici.
- de porter plainte directement en commissariat ou gendarmerie, en ligne (https://www.pre-plainte-en-ligne.gouv.fr , pour des violences verbales ou discriminations uniquement) ou en écrivant au procureur de la république (https://www.service-public.fr/particuliers/vosdroits/R11469)
Pour ces démarches, vous pouvez vous rapprocher d’une association de patient·e·s pour être conseillé·e et soutenu·e.