Communiqué de presse: Soutien à tout·es les patient·es et usagèr·es de santé qui s’organisent afin de créer des listes de soignant·es réputé·es « sûr·es »
Le communiqué commun de l’Ordre des médecins et de l’Ordre des infirmiers condamnait le 11 août dernier la mise en ligne d’annuaires de professionnels de santé « communautaires ». L’association Pour une M.E.U.F entend remettre au centre des considérations les violences inacceptables que subissent les personnes minorisées dans leurs parcours de soin.
Paris, le 18 août 2020 – Nous, soignant·es de l’association Pour une Médecine Engagée Unie et Féministe, souhaitons apporter notre soutien à tout·es les patient·es et usagèr·es de santé qui s’organisent afin de créer des listes de soignant·es réputé·es « sûr·es » dans tous les domaines du soin.
La couleur de peau d’un·e praticien·ne et son origine ne dit rien de ses pratiques. Néanmoins, force est de constater qu’il est parfois plus rassurant pour certain·es patient·es de se diriger vers des soignant·es racisé·es et/ou ouvertement LGBT-friendly, fat-friendly, des soignantes femmes afin de se sentir plus à l’aise, de réduire le risque de se retrouver face à un·e soignant·e pouvant tenir des propos discriminatoires, d’avoir une attitude méprisante, voire de pratiquer des soins néfastes. Il s’agit souvent de patient·es ayant déjà eu une histoire de soins douloureuse, qui ont été entre les mains de soignant·es les ayant mal traité·es (ou maltraité·es).
Nous constatons que, malgré les témoignages abondants de racisme, d’homophobie, de transphobie, de misogynie, de psychophobie, de grossophobie, de mépris de classe, l’Ordre des Médecins et des Infirmiers nient l’existence de discriminations dans le soin (« [Les soignants] écoutent [les patients], les examinent et les prennent en charge dans le respect de chacun, sans aucune discrimination selon leur état ou leurs convictions« ) et préfèrent pointer du doigt les patient·es cherchant des stratégies pour être soigné·es décemment. En parallèle, les comportements délictueux de certain·es médecins ne sont que très rarement sanctionnés.
Sur le hashtag #BalanceTonMédecin sur Twitter, des centaines de patient·es ont témoigné de mauvaises pratiques subies pendant les soins. L’ensemble du corps médical a dénoncé le « docbashing » sans s’émouvoir de la détresse de ces personnes, sans même condamner les comportements intolérables dont il était question. Nous souhaitons un changement de paradigme où les expériences des patient·es et de leurs familles passent avant la susceptibilité orgueilleuse des soignant·es.
Les formations en soins n’intègrent encore que trop peu, voire pas du tout, les notions de discriminations dans les soins. Pire, certaines les font perdurer, parfois de manière officielle, souvent de manière officieuse. Trop nombreux sont encore les témoignages de jeunes soignant·es ayant entendu parler du supposé « syndrome méditérranéen », trop nombreux sont les stéréotypes sur les patient·es de telle origine, de telle orientation sexuelle, présentant tel trouble psychologique, telle morphologie corporelle. Nous avons besoin de réformer l’enseignement du soin afin de modifier en profondeur la manière dont nous considérons les patient·es, notamment celles et ceux appartenant à des groupes minorisés et de sensibiliser chaque soignant·e à la lutte contre les discriminations déjà ancrées dans les pratiques de soins.
Tant que nous n’effectuerons pas cette introspection, tant que ces pratiques ne seront pas fermement dénoncées par les représentant·es du corps médical, tant que des sanctions ne seront pas prises, tant que les patient·es continueront à être violenté·es dans leurs parcours de soins, alors nous ne pourrons pas leur tenir rigueur de vouloir trouver des moyens d’accès à des soins non discriminatoires.
Retrouvez l’intégralité de ce communiqué de presse en version PDF ici
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